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Question de Mme Evelyne Corbière Naminzo (La Réunion - CRCE-K) publiée le 04/04/2024

Question posée en séance publique le 03/04/2024

M. le président. La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K.)

Mme Evelyne Corbière Naminzo. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Monsieur le Premier ministre, vous avez annoncé une nouvelle réforme de l'assurance chômage, la quatrième depuis qu'Emmanuel Macron a été élu, en 2017. Face aux déficits, vous cherchez 50 milliards d'euros. Et, plutôt que de rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et de taxer les super profits, vous cherchez encore une fois à faire des économies sur le dos des pauvres. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Non, monsieur le Premier ministre, envisager une réduction de la durée et du niveau d'indemnisation, ce n'est pas inciter les gens à reprendre le travail ! Le chômage n'est ni un choix ni un confort. Il est toujours le résultat d'un accident de vie. Éloignement des bassins d'emploi, saturation du marché du travail et discrimination à l'embauche sont autant de problématiques qu'il faut régler en priorité.

Le chômage ne s'explique pas par un prétendu attrait pour l'assurance chômage. Les chômeurs connaissent en réalité une double peine : celle des sentiments d'exclusion et d'inutilité et celle de la précarité.

Ainsi, 35 % des chômeurs sont touchés par la pauvreté : ceux-là sont deux à quatre fois plus nombreux en outre-mer ; celles-ci sont aussi des mères à la tête d'une famille monoparentale et, bien souvent, sans solution de garde, que vous allez, en contradiction totale avec les recommandations de la délégation aux droits des femmes, encore précariser.

Dans un contexte d'inflation, de cherté de la vie et de crise du logement, les ménages les plus modestes doivent chaque jour choisir entre se loger et se nourrir. Appauvrir ces Français précaires, c'est créer encore plus de dettes locatives et d'expulsions.

Comme l'a rappelé la secrétaire générale de la CFDT, le régime d'assurance chômage ne saurait être une variable d'ajustement budgétaire. J'ajoute que les chômeurs ne sont responsables ni du déficit ni de votre incapacité à gérer le budget de l'État.

Au lieu d'appauvrir les chômeurs, allez-vous permettre à tous nos concitoyens, en emploi ou privés d'emploi, de vivre dignement ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K, ainsi que sur des travées du groupe SER.)

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Réponse du Ministère du travail, de la santé et des solidarités publiée le 04/04/2024

Réponse apportée en séance publique le 03/04/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail, de la santé et des solidarités.

Mme Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé et des solidarités. Madame la sénatrice Corbière Naminzo, je pense que nous pouvons partager la fin de votre commentaire.

La stratégie de ce gouvernement est précisément de sortir les femmes et les hommes du chômage qu'ils subissent aujourd'hui pour les amener vers l'emploi. Car la seule émancipation, c'est l'emploi !

Je vous rejoins sur un autre constat : l'une des priorités est de traiter les difficultés, qu'il s'agisse du logement ou de la garde d'enfants.

C'est le sens de ce qui est fait dans le cadre de France Travail, dont l'une des missions est de recevoir les bénéficiaires du RSA pour réaliser avec eux un bilan de leur situation, y compris sur le logement ou la garde d'enfants. Je pense notamment aux crèches à vocation d'insertion professionnelle (Avip), qui permettent aux demandeurs de faire garder leurs enfants pour aller vers la recherche d'emploi. L'idée est ensuite de permettre leur immersion pour les former et les aider à aller vers le travail.

La nouveauté, avec France Travail, c'est que les accords conclus avec les entreprises permettent une telle immersion, favorisant ainsi l'inclusion dans l'entreprise.

Vous le voyez, à la notion de chômage de masse, nous opposons celle de retour à l'emploi. Pour cela, il y a un financement qui vient de l'Unédic. Néanmoins, madame la sénatrice, pourquoi l'assurance chômage est-elle redevenue bénéficiaire ? Précisément parce que 2,5 millions de Français ont retrouvé le chemin de l'emploi !

Mme Cathy Apourceau-Poly. Ils ont surtout été radiés des listes !

Mme Catherine Vautrin, ministre. Ne confondons donc pas les ajustements budgétaires et la réalité du travail. Ce sont deux sujets complètement différents.

Nous continuerons à agir pour l'accompagnement de nos concitoyens et, bien évidemment, pour l'attractivité du pays. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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